Programme de l’atelier sur les fragments

Atelier Que faire de tous ces fragments ?

(Jackman Humanities Institute, salle 100 –

16 août 2018, 14h30-18h30)

 

Argumentaire

Depuis une vingtaine d’années, on assiste à une croissance exponentielle des fragments de manuscrits du Moyen Âge découverts, retrouvés ou nouvellement appréhendés. Afin de gérer et d’exploiter de façon effi-cace ce flux continu de nouveaux apports, il semble indiqué d’établir des procédures et des structures scienti-fiques cohérentes et reconnues. Au fait, il n’est plus possible de procéder comme dans le passé, quand on publiait en revue chaque petite trouvaille, en espérant que la communauté scientifique saurait en tirer parti. La multiplication des occasions et des lieux de publication, la divergence des méthodes et des objectifs et les cloisonnements entre les disciplines font que ce travail précieux risque d’être sous-exploité, voire gâché. Il faut que le fragment littéraire que l’historien de l’art a ressuscité et étudié selon ses compétences soit mis rapidement (et de façon pérenne) à la disposition du philologue, qui pourra en identifier le texte, l’étudier et, si c’est le cas, l’éditer. De même, l’historien ou l’archiviste qui tombent, au cours d’un dépouillement de dossiers d’archives, sur des feuillets de manuscrits du Moyen Âge employés pour protéger et couvrir des registres de comptes des XVIe-XVIIe siècles, doivent savoir comment transmettre la nouvelle aux médiévistes qui ont les compétences pour mettre à profit la trouvaille.

Cette question, que nous venons d’évoquer essentiellement sous son aspect organisationnel et pratique, se double d’une interrogation moins contingente et plus profonde, si l’on veut, pourtant constamment éludée par le passé, celle du bien-fondé, des méthodes et des objectifs de tout travail autour des fragments manus-crits du Moyen Âge, notamment lorsque :

a) on s’apprête à établir un texte critique, en particulier littéraire ;

b) on fait l’étude de la tradition d’une oeuvre ;

c) on s’intéresse à la production, à la circulation et au remploi des manuscrits dans une région donnée.

L’apport herméneutique que l’on peut tirer de l’exploitation des nouveaux fragments (ou des anciens frag-ments soumis à un nouvel examen) ne va pas de soi, il se justifie et se configure à la lumière des objectifs de la recherche en cours. C’est pourquoi il importe de baliser avec soin ce qu’on attend de l’exploitation des fragments dans les différents champs d’étude où celle-ci s’applique.

 

Cheminement

Conformément à ce qui a été énoncé ci-dessus, l’atelier se partagera entre deux activités distinctes, quoique imbriquées. La première (14h30-16h40) mettra en présence des spécialistes confirmés, qui se sont confron-tés à plusieurs reprises par le passé aux questions que soulève le traitement d’un ensemble plus ou moins é-tendu de fragments, et elle permettra à chacun d’entre eux d’aborder un aspect spécifique du questionnement herméneutique associé à l’exploitation des fragments médiévaux. Les interventions, limitées à 15 minutes, aborderont le sujet sous un angle le plus possible théorique et méthodologique – qui pourra certes s’ap-puyer sur un ou plusieurs cas concrets, mais qui ne s’en laissera pas circonscrire ou enjôler – et elles profi-teront d’un temps généreux consacré à la discussion, à laquelle sont conviés tous les participants à l’atelier.

La seconde activité (17h-18h30) est une table ronde opérationnelle qui a pour but de déterminer les meil-leures façons de canaliser la variété des ressources, des approches et des apports, de sorte que l’ensemble de la communauté scientifique puisse tirer aisément profit des découvertes présentes et à venir. On essaiera tout d’abord de définir de quoi nous avons réellement besoin : répertoire, bibliographie, base de données et/ou bibliothèque virtuelle ? Doit-on créer de nouvelles entités ou peut-on s’appuyer sur des expériences et des outils déjà rodés ? Comment favoriser chez les chercheurs l’habitude de s’appuyer sur et de contribuer à cet outil ? L’objectif final, éminemment pratique, est la rédaction d’un protocole opérationnel partagé qui indique quels données et matériaux minimaux les chercheurs doivent fournir lorsqu’ils se penchent sur des fragments de manuscrits du Moyen Âge et sur quelle plateforme numérique les déposer, de sorte que leur contribution soit pérennisée et facilement accessible. Tous les participants à l’atelier seront sollicités, afin que l’élaboration du protocole et la discussion des questions organisationnelles qu’il sous-tend puissent profiter de l’avis, de l’orientation et de la sensibilité du plus grand nombre d’intervenants.

 

Programme

14h30   Paolo RINOLDI (Università di Parma), « Fragment-outil et fragment-trouvaille »

14h50   Maria CARERI (Università Gabriele d’Annunzio, Chieti-Pescara), « Membra disiecta et éditions : illusions et retombées »

15h10   Yan GREUB (Laboratoire ATILF-CNRS, Nancy), « Les parties plus grandes que le tout »

15h30   Giovanni PALUMBO (Université de Namur), « Le rayonnement par les fragments »

15h50   Dorothea KULLMANN (University of Toronto), « Les fragments négligés : enseignements linguistiques et scriptologiques »

16h10   Discussion, modérée par Gabriele GIANNINI (Université de Montréal)

~ ~ ~ ~ ~ ~ 16h40 Pause ~ ~ ~ ~ ~ ~

17h       Table ronde, modérée par Gabriele GIANNINI, Participants : Maria CARERI, Yan GREUB, Julia KING (Centre for Medieval Studies, University of Toronto), Dorothea KULLMANN, Giovanni PALUMBO, Paolo RINOLDI.

 

PDF Version

Modified  3 August 2018